Un remède pour une épidémie; est-ce possible? (Ebola)

Dr Anne-Marie TRIQUENOT, Fréjus septembre 2014

 

Il  peut  sembler contraire à la doctrine et à l’esprit  de l’homéopathie de parler d’un remède pour une épidémie, donc   d’un outil thérapeutique  commun  à des milliers de personnes  malades de la même maladie.
Cependant, il y a des précédents, dans les épidémies de choléra par exemple, de scarlatine, et autres maladies, pour lesquelles les sujets atteints ont largement bénéficié de l’action de  grands remèdes  comme camphora, veratrum, arsenic album, ou belladonna, pour ne citer qu’eux.
Car il y a un génie de la maladie, de l’agent vecteur de celle-ci, qui peut être assimilé  à l’esprit du remède homéopathique.
Bien sûr, ici, le malade ne peut pas  «  se dire », avec ses singularités, son langage verbal  et corporel    qui d’ordinaire nous conduisent à la prescription spécifique, clef de la réussite thérapeutique, mais il faut garder en tête qu’il est en pratique fort difficile, impossible même de mettre en place un protocole de masse applicable pour soigner en urgence une population atteinte , comme pourrait l’être  par exemple un vaccin, encore que l’on ne voit pas bien  comment agir  avec efficacement et rapidement.
Ici peut intervenir cet outil remarquable, efficace souvent et jamais toxique qu’est le remède homéopathique, qui hélas ne fait pas rentrer beaucoup d’argent aux laboratoires, mais par là même apporte un argument supplémentaire pour une politique sanitaire de masse.

Voyons  maintenant les aspects les plus caractéristiques  des  deux éléments en présence, l’épidémie et le remède supposé  la contrer ; ici nous ne parlerons plus du malade à titre individuel..

 

 

Epidémie à virus Ebola

 

Le virus Ebola appartient à la famille des filovirus, dans l’ordre des mononégavirus. (wikipedia)
Chez l’homme et  les primates, il provoque une fièvre hémorragique aigue  affichant un taux de létalité pouvant atteindre les 90 pour cent ; aucun traitement n’est efficace à ce jour, des substances antivirales sont expérimentées ; des traitements symptomatiques  sont seuls à ce jour partiellement actifs.


L’incubation varie de 2 à 21 jours, le virus atteint tous les organes vitaux par le mécanisme de CIVD, coagulation intra-vasculaire disséminée, entrainant des oblitérations diffuses et massives des conduits artériels et donc une défaillance poly viscérale, touchant en premier le foie et le rein, puis l’intestin, les poumons et le cœur. Au début c’est un syndrome pseudo grippal sévère : fièvre céphalées, myalgies, puis diarrhées vomissements, éruptions, puis hémorragies internes et externes, hématémèse et méléna, le décès survient en  6 à 16 j dans un tableau de choc  dans 60 à 90 pour cent des cas; en cas de survie, il peut y avoir des séquelles hépatiques neurologiques rénales ou oculaires.


Le virus envahit tout l’organisme, à l’exception des os et des muscles moteurs ; les hémorragies touchent les viscères, la peau (pétéchies) et phlyctènes,  la peau se déchirant  au moindre contact, car le virus a une affinité pour le tissu conjonctif. Enfin les hémorragies touchent aussi les muqueuses et les conjonctives de l’œil.
Les chauves souris frugivores sont le réservoir naturel  de ces virus  ce sont des porteurs « sains ». Les chauves souris contaminent les singes. Les humains chassent en forêt et se font contaminer en consommant de la viande de singe, ou de chauve souris, comme les hypsignatusmonstrosus.


Ce virus est d’une très grande dangerosité  car très contaminant. Son nom vient d’une rivière passant près de la ville de Yambuku, dans le nord de la république démocratique du Congo, ex Zaire. Le 1° cas y fut identifié en 1976 avec une épidémie de 316 personnes dont 280 décédées. Il existe en fait 5 sous groupes de ce virus, le plus dangereux restant  celui du Congo.
La transmission interhumaine est très facile : le sang le sperme la peau les muqueuses, les voies aériennes, le contact ou l’ingestion d’animaux contaminés, le contact avec les cadavres contaminés
Voici donc l’ambiance pathogène …

L'approche homœopatique

 

Si nous répertorions les signes principaux :

  • Fièvre hémorragique (dans le radar c’est à la rubrique fièvre typhoïde)
  • Céphalée pendant la fièvre
  • Saignement oculaire
  • Pétéchies

Nous trouvons 3 remèdes : crotalus horridus, phosphorus et lachésis.

 

Personnellement ce qui m’a frappée c’est l’importance du sang, en particulier au niveau des conjonctives et le climat psychologique ambiant, la brousse, les chauves souris, la violence pour la survie : on pense d’abord à un animal ;
Alors : lachesis ou crotalus horridus ?


L’un est préférentiellement gauche, l’autre droit : impossible à savoir sur des milliers de personnes.
Par contre seul crotalus horridus a l’illusion  d’être entouré d’animaux hideux (les chauves souris) l illusion que ses os sont en bois (le virus ne les atteint pas), illusion d’être un paria (comme dans la lèpre).


En homéopathie, il faut une double vision : celle du plus petit détail  qui peut porter tout l’esprit du remède, et la vision de haut, la synthèse, l’ambiance générale. Voyons un peu mieux crotalus horridus, le serpent à sonnettes, le serpent des bois.
Les auteurs parlent tous de diathèse hémorragique majeure, le sang coule des yeux des oreilles du nez, sueur de sang !!!(Allen) avec prostration des forces vitales, infections malignes.


Un rêve  d’un expérimentateur  va donner une piste sur l’esprit du remède : "rêve qu’il s’est fâché avec son père qui ne veut plus le reconnaitre parce qu’il avait adopté l’homéopathie".
Beaucoup d’auteurs en ont  conclu que la personne  crotalus horridus ne peut avancer dans la vie s’il n’a l’assentiment de son père ou de ce qui le symbolise par l’autorité ; « sentiment de n’exister qu’à moitié s’il ne s’enréfère à ses pères, afin d’obtenir leur approbation ; à l’inverse en alterlyse, il s’opposera à toute autorité dans un esprit de révolte.


Ici en Afrique, beaucoup ont peur d’avancer sans l’aval du chaman, du sorcier.


Il se bat contre des ennemis imaginaires : des équipes de MSF  ont été attaquées par des indigènes au début, ceux-ci croyant que les blancs voulaient les exterminer.

 

Dans l’extraction : (2318 symptômes)

  • Il y a de nombreuse illusions de type paranoïaques (animaux hideux, ennemis, persécution, fantômes, poursuites)
  • Il est à la toute petite rubrique : orphelins
  • C’est un très grand remède de  saignement oculaire (3° )
  • Il rêve qu’il se bat avec des animaux, cadavres, assassinats, querelles avec son père, chevaux qui se noient.
    C’est un grand remède de fièvre jaune et de prévention de celle-ci avec  Arsenicum Album.
  • Typhoïde typhus, toute fièvre hémorragique.
24 remèdes ont une transpiration sanglante, crotalus horridus et lachesis au 3°
Les éruptions vésiculeuses avec fissuration de la peau sont caractéristiques, avec encore lachesis
Lachesis, kalium phosphoricum et crotalus horridus  sont les seuls à présenter une hémorragie septique.
C’est un grand remède de thrombose (civd)
Décidément, le grand diagnostic différentiel est l’autre serpent, le lachésis de la jalousie, du pouvoir, de l’éloquence …
Je penche plutôt, pour les raisons vues plus haut, et notamment la nature du réservoir sain, la hideuse chauve souris , pour ce serpent à sonnette qui  tire une sonnette d’alarme, mais on dit que lorsqu’on l’entend il est trop tard ;

L’infirmière de MSF est hospitalisée dans un hôpital militaire dont le nom peut sembler évocateur  d’un commencement : serait ce la victoire enfin du petit David contre le Goliath des grandes industries pharmaceutiques ?
Nous l’espérons, avant tout pour sauver des vies.
Cela parait fou, mais devons y croire et œuvrer de toutes nos forces pour cela.